- XÉROPHYTES
- XÉROPHYTESXÉROPHYTESOn appelle xérophytes les plantes (dites xérophiles) qui vivent dans des habitats classés comme secs, soit par le substrat, soit par l’atmosphère, soit par l’ensemble des deux. On connaît l’importance vitale de l’eau pour les plantes. Comme chez tout être vivant, l’eau prend part à la structure du cytoplasme et, donc, à l’organisation cellulaire; elle fournit un milieu aux réactions du métabolisme, et entre même dans certaines de celles-ci (hydrolyses); enfin, elle transporte produits nutritifs, hormones, etc. entre le milieu et l’organisme, ou entre organes. Mais en outre, dans la cellule végétale, l’eau de la vacuole applique le cytoplasme contre la paroi (pression de turgescence, avec ses conséquences sur le maintien des végétaux, leurs mouvements de cellules ou d’organes, leur croissance). On comprend que le manque relatif d’eau ait déterminé la forme et le fonctionnement des xérophytes. Pour celles-ci, le problème est d’avoir de l’eau en quantité suffisante, assez longtemps, et de l’utiliser au mieux: aussi, comme moyens biologiques de résister à la sécheresse, en trouvons-nous qui améliorent l’acquisition de l’eau, d’autres sa conservation, d’autres enfin le rendement de son utilisation, divers mécanismes pouvant d’ailleurs se superposer dans l’adaptation d’une espèce de plante à son milieu sec.Une meilleure absorption de l’eau peut se faire:par des extensions de l’appareil racinaire, qui peut pousser verticalement (une racine pivotante peut atteindre l’humidité à plusieurs mètres, par exemple chez les arbrisseaux de régions arides, tels les alhagis, andiras ou encore éphédras aux racines dépassant dix mètres, ou chez de petites graminées de quelques centimètres aux racines dépassant un mètre), ou drainer une large surface en s’étendant horizontalement (exemples: le cyprès chauve et de nombreuses «plantes grasses», crassulacées, cactées, etc.), ou s’étendre à la fois en surface et en profondeur (exemple: les armoises du désert), ou encore se développer de façon intensive (nombreuses graminées steppiques: selon une évaluation, l’une aurait formé 500 kilomètres de racines en 2 ans, sur 1,20 mètre de rayon et 2 mètres de profondeur), ou enfin croître à vitesse accélérée dès la germination (un mètre de profondeur en quelques mois);par des modifications des feuilles: rosée absorbable par les feuilles de pin ou d’olivier, par grande sécheresse, feuilles âgées des platyceriums (fougères épiphytes), retenant et absorbant l’eau;par des organes spéciaux, comme les racines-voiles des orchidées épiphytes (sorte de buvard blanc, formé de cellules vides, à la surface des racines aériennes des vanda par exemple) ou les poils absorbants des tillandsias (broméliacées), épiphytes aussi.Une meilleure conservation de l’eau est obtenue, chez les xérophytes, par réduction de la transpiration:grâce au revêtement, soit cuticule épaissie (olivier, pin, lentisque), soit couche de suber (chêne-liège), soit pilosité abondante, protectrice (lavande);ou bien grâce aux feuilles réduites, petites (bruyères, acacias des déserts), et repliées (romarin), ou réduites à des épines (ajoncs), ou absentes (port «jonciforme» des calycotomes, des éphédras, où les tiges elles-mêmes sont vertes), ou à surface variable (oyat, fétuque, stipe et autres graminées à feuilles pliables en deux, en long, dans l’air sec);ou par réduction des pertes d’eau par les stomates, qui peuvent être moins nombreux, ou enfoncés dans des cryptes poilues (laurier-rose), ou protégés dans la feuille enroulée des graminées citées plus haut;ou par chutes d’organes en saison sèche: rameaux (anabasis, calligonum) ou feuilles (exemple: les arbres à feuilles caduques de nos régions tempérées se comportant en hygrophytes l’été, en xérophytes l’hiver, saison physiologiquement sèche). De plus, des réserves d’eau peuvent se constituer, soit dans les parties aériennes (tiges succulentes des plantes grasses, cactées, euphorbes, stapelias: le cactus géant ou carnegiea de l’Arizona peut contenir 2 à 3 tonnes d’eau pour 15 mètres de haut) ou troncs des arbres (baobab, ou même arbres de nos pays tempérés, à réserve d’eau maximale en hiver), ou feuilles d’autres plantes grasses (agaves, crassulacées: sedums, joubarbes), soit dans les racines ou rhizomes.Quant à la meilleure utilisation de l’eau, l’abondance des tissus de soutien (consistance coriace des «sclérophytes» des garrigues, steppes, etc.) et l’élévation de pression osmotique (chez les plantes grasses, plus de 100 atmosphères) protègent du flétrissement. D’autres plantes, des sables ou des déserts, sont éphémères: elles y poussent brusquement après les pluies («acheb» au Sahara), fleurissent et donnent des graines en cycles raccourcis à quelques mois, ou même à quinze ou huit jours chez quelques naines. Enfin, les xérophytes peuvent avoir des cycles discontinus: souvent leurs graines ont une germination différée aux pluies ultérieures, grâce à diverses dormances ou inhibitions, et à une longévité accrue; plus rarement, le végétal entier peut entrer en vie ralentie par déshydratation, puis revivre à l’humidité: anhydrobiose des lichens, mousses, de rares fougères (ceterach) et plantes à graines (ramondie).Certaines de ces modifications morphogénétiques et physiologiques sont parfois déterminées directement par le milieu sec (cas du genêt anglais et de l’épine-vinette, à épines en air sec ou petites feuilles en air humide), mais semblent résulter le plus souvent d’une sélection naturelle ayant avantagé les mutants qui présentaient un ou plusieurs caractères xérophytiques.
Encyclopédie Universelle. 2012.